Des joueurs cadres, partants certains pour la Coupe du monde:
La première ligne Baille, Marchand, Atonio a prouvé qu’elle n’avait pas d’équivalent en terme de tenue de mêlée, de puissance et d’influence dans le jeu. C’est le trio titulaire pour la Coupe du monde. Sans discussion possible désormais.
En 2e ligne, Thibaud Flament est devenu un titulaire indiscutable. Il finit le Tournoi avec 81 plaquages réussis, le deuxième meilleur total de la compétition (derrière le 3e ligne centre Ecossais Matt Fagerson, 83) et meilleur preneur de balle français en touche (17). Sans parler de ses trois essais et de son activité dans le jeu… Paul Willemse a été moins dominant que lors du Grand Chelem 2022, mais son profil de droitier pousseur, tout comme Romain Taofifenua, est précieux.
En 3e ligne, François Cros, blessé à l’automne mais titulaire depuis le début du mandat Galthié et lors du Grand Chelem, a petit à petit retrouvé sa place. Profitant également de la blessure du malheureux Jelonch, son intelligence de jeu et sa science du placement font merveille. Dans le dur sur le premier match en Italie, Charles Ollivon est ensuite monté en puissance et a dominé son sujet, retrouvant son niveau de 2020, lorsqu’il était capitaine. Enfin, Grégory Alldritt a suivi la même trajectoire, avec un match époustouflant en Angleterre.
La charnière Dupont-Ntamack est indéboulonnable. Le jeu au pied du capitaine, ses fulgurances (même s’il n’a plus marqué d’essai depuis le match du Grand Chelem contre l’Angleterre en 2022), sa défense, font certainement de lui le meilleur demi de mêlée au monde. Critiqué à l’automne et en début de Tournoi, Ntamack a mis tout le monde d’accord. On se souviendra de ses deux « passes au pied » en Italie sur les essais de Ramos et Dumortier, de sa chistera pour Fickou au début du premier essai de Penaud à Twickenham et de sa partition quasi-parfaite face aux Gallois, contre lesquels il a été élu joueur du match. Les deux sont en tête des « passes décisives » du Tournoi (4 chacun).
Au centre, difficile de trouver meilleure association que celle entre Danty et Fickou. La dimension physique du Rochelais, en attaque ou en défense, a manqué aux Bleus en début de compétition. La ligne de trois quarts n’est pas la même avec ou sans lui. A ses côtés, Gaël Fickou a encore une fois été impressionnant. En défense (67 plaquages, 2e meilleur français et 3e de la compétition à égalité avec l’Anglais Ludlam et l’Irlandais Van der Flier, excusez du peu), ou en attaque. Et avec cinq matchs de plus au compteur, il est devenu le 3e joueur français au nombre de matchs du Tournoi (44), dépassant Serge Blanco (42). Seuls Pelous (49) et Sella (50) sont devant lui. Il a vécu ce week-end sa 79e sélection, doublant Benazzi (78). Il est désormais à une encablure de Dusautoir (80).
Sur l’aile, Damian Penaud marque lui aussi l’histoire : meilleur marqueur de la compétition (5), avec son doublé face aux Gallois, il a désormais marqué 26 essais en 42 sélections (21 lors de ses 26 derniers matchs !). Ce chiffre lui permet de dépasser Christophe Dominici (25) et de rejoindre Philippe Bernat-Salles et Emile Ntamack (26). Devant lui maintenant : Philippe Sella (30), Vincent Clerc (34) et Serge Blanco (38). Par ailleurs, c’est son 7e doublé en Bleu, il dépasse Vincent Clerc (6) et égale Blanco (7). Il est l’atout numéro un de la ligne d’attaque. A gauche, Dumortier a assuré pour une première. Première sélection et premier essai en Italie, il n’a pas été timide et a amené des garanties dans le secteur aérien.
Enfin le poste d’arrière a été confié à Thomas Ramos, à l’automne, il ne l’a plus lâché. Un peu en difficulté dans le jeu en Irlande, il a toutefois toujours rayonné au pied, au point de finir meilleur réalisateur du Tournoi (84 points, à 84%), devant Jonathan Sexton, auteur de… 35 points. Il efface des tablettes le record français de Gérald Merceron dans une seule compétition (80 points en 2002), passe devant O’Gara (82 points, 2007), mais échoue de peu à déboulonner la star anglaise Jonny Wilkinson (89, 2011). Avec 4 essais, il termine 2e du classement (à égalité avec les Ecossais Kinghorn et Jones) et, comme à Toulouse, a apporté des solutions offensives au duo Dupont-Ntamack. Il va être difficile à déloger.
Des joueurs au relais bien intégrés:
Les « finisseurs » sont parfois devenus aussi importants que les titulaires. Dans cet esprit, Mauvaka, Falatea, Taofifenua, Macalou, Lucu, Jalibert et Moefana font partie de ce groupe France. Leur Tournoi est dans l’ensemble satisfaisant. Matthieu Jalibert a toujours été intéressant lors de ses entrées, mais, blessé avant l’Angleterre, il devra se méfier de la formule avec Ramos en solution à l’ouverture et Jaminet sur le banc. Devant, Reda Wardi a profité de la blessure de Jean-Baptiste Gros pour se faire une place derrière Baille. Le Toulonnais peut-il inverser la tendance ? A voir. Gaëtan Barlot est clairement numéro trois au talonnage et devra se méfier de la concurrence du Rochelais Bourgarit. En 2e ligne, Bastien Chalureau (une entrée contre le pays de Galles), est un recours à droite, en attendant de savoir si le colosse toulousain d’origine australienne Emmanuel Meafou, grosse cote, peut être sélectionné avant la Coupe du monde. A gauche, Lavault part de plus loin, surtout avec l’option Ollivon en 2e ligne et/ou un retour de Woki. Enfin, les demis de mêlée Couilloud et Le Garrec, parfois sur la feuille mais zéro minute de jeu, devront se battre pour au moins être du groupe des 33 pour la Coupe du monde, tout comme Coly (blessé en préparation).
Les inquiétudes:
Mohammed Haouas, hors groupe lors des deux premiers matchs puis propulsé titulaire face à l’Ecosse, a loupé le coche. Expulsé pour la deuxième fois de sa carrière internationale (après l’Ecosse, déjà, à Edimbourg, en mars 2020), alors que les Français jouaient face à 14 Ecossais (carton rouge au 2e ligne Gilchrist), il s’est mis tout seul en difficulté. Fabien Galthié a pris sa défense en conférence de presse mais, derrière Atonio, la régularité de Falatea et l’excellent match d’Aldegheri en Angleterre assombrissent quelque peu son avenir international. Sans parler de la concurrence de Demba Bamba, qui lui n’arrive plus à raccrocher le bon wagon en bleu.
De son côté, Melvyn Jaminet devra être costaud mentalement lors des prochaines semaines. Titulaire lors du Grand Chelem en 2022, il a perdu sa place à l’automne, au profit de Ramos, sur blessure. Revenu dans le groupe des 42, il n’a pas été pris lors des trois premiers matchs. S’il a bénéficié de la blessure de Jalibert pour revenir à Londres, où il a fait une bonne rentrée, il a été le seul joueur français à ne pas rentrer en jeu face aux Gallois. Ses talents de buteur et une formule à cinq avants et trois trois-quarts peuvent-ils l’aider pour être véritablement acteur des matchs ? La réponse reste en suspens.
Les blessés:
Le gros coup dur reste la blessure du guerrier Anthony Jelonch, victime d’une rupture des ligaments croisés face à l’Ecosse. Caution dans la combat, il avait eu une activité folle en Italie et en Irlande, puis avant de se blesser ce maudit 26 février au Stade de France. Pourra-t-il gagner sa course contre-la-montre en vue de la Coupe du monde ? Impossible à dire tant le délai paraît court, mais tant, également, l’homme est un monstre physique. Ce serait une perte énorme pour le groupe.
Sinon, les blessés de plus longue date mais habitués des Bleus ont trois mois pour se refaire : on pense à Jean-Baptiste Gros, Cameron Woki, Arthur Vincent et Gabin Villière, qui étaient à un moment soit des titulaires, soit des incontournables de la feuille de match. Les autres avancent et pour eux aussi, le sablier s’écoule inexorablement. Même si, et on ne le souhaite à personne, comme l’a avoué le sélectionneur Fabien Galthié, il y aura encore potentiellement des mauvaises nouvelles d’ici la fin de saison en club. Rendez-vous maintenant le mercredi 21 juin, pour l’annonce de la liste des 42 joueurs retenus pour la préparation. En ce qui concerne les 33 joueurs appelés officiellement pour la Coupe du monde, c’est prévu le lundi 28 août.
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